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Schweizerische Eidgenossenschaft - Webinhalte über Patti Smith
Le journaliste Gilles de Diesbach décrit l'ambiance au Paléo Festival à Nyon (VD), qui affiche une fois de plus complet.
La ferveur de 'People Have the Power' est devenue un rituel depuis des années.
Patti Smith, 'marraine du punk' et marraine de cœur de nombreux festivals et festivaliers, ne manque jamais de chanter encore et encore cette note d'espoir parue en 1988 sur l'album 'Dream of Life', poing levé, avec les chœurs du public de Paléo en parfaite harmonie.
Avant cela, mardi soir, en début de soirée sur la Grande scène qu'elle inaugure pour cette 47e édition du Festival, la poétesse et chanteuse américaine revisite tranquillement ou plus énergiquement son répertoire, mais aussi ceux de Jimi Hendrix ('Fire'), Nirvana ('Smells Like Teen Spirit') et Lana Del Rey ('Summertime Sadness' dédié à Fred 'Sonic' Smith, co-auteur notamment de 'People Have the Power' et père de son fils Jackson Smith qui l'accompagne à la guitare).
Sans toutefois passer par 'Gloria' pour une fois, une reprise foudroyante de Van Morrison en mode garage rock qui ouvrait son album fondateur 'Horses' de 1975.
Devant un public encore clairsemé en ce début de soirée, Patti Smith apparaît dans sa légendaire coolitude, jean retroussé sur baskets montantes blanches, veste et gilet noirs habituels sur sa croix en collier et deux tresses grisonnantes.
À ses côtés, un quartet serré entre guitare-clavier, basse et batterie l'épaule pour cette heure et demie d'une prestation où elle entremêle les époques et générations, les langueurs et les ardeurs rythmiques.
L'ex-prêtresse de l'underground est ravie d'être de retour au Paléo et enchaîne avec 'Summer Cannibals' puis une douzaine de titres passant notamment par un 'Ghost Dance' dédié au travail des humanitaires de par le monde, fidèle à son humanisme.
Plus loin, elle déclame un peu de poésie en introduction de 'Nine' qui se déploie en langueur mélancolique et chamanique.
Si 'Summertime Sadness' permet enfin paradoxalement au public de sortir de sa torpeur par son crescendo rythmique, c'est évidemment 'Because the Night' co-écrit avec Springsteen et soulignant l'importance de l'amour qui crée les premiers émois, même si le public était plutôt attentif.
Ces sursauts sont suivis par une reprise rock'n'roll dispensable de 'Fire' de Jimi Hendrix Experience sans Patti Smith qui ne fait pas tellement sens dans le répertoire choisi de la soirée.
Heureusement, 'Dancing Barefoot' et 'Pissing in a River' mieux inspirés orchestralement viennent rattraper les affaires d'une Patti Smith qui a décidé de conclure par un double hommage à Kurt Cobain entre autres en interprétant un très solennel et incantatoire 'About a Boy' de sa composition et en reprenant l'incunable qu'est devenu 'Smells Like Teen Spirit' tout en sautillant le poing en l'air.
À cette harangue finale de la foule, Patti Smith introduira 'People Have the Power' en soulignant son 'privilège de chanter pas seulement pour les gens, mais aussi pour les nuages et les arbres' tout en pointant au loin le Jura et le ciel qu'elle a devant elle sur la plaine de l'Asse.
Encore une fois, dans sa seule voix, habitée ou militante, fervente ou intimiste, Patti Smith a porté comme rarement l'amour, la mort, la poésie mais aussi l'espoir et la contestation.
Le propre des icônes.