Le vote écologiste connaît une baisse spectaculaire chez les jeunes.

Dopée par son activisme sur TikTok, l'extrême droite enregistre en revanche une forte progression chez les moins de 30 ans.

En Allemagne, les écologistes n'ont plus vraiment la cote auprès des jeunes.

Il y a cinq ans, près du tiers des électeurs de moins de 30 ans avaient voté pour les Verts lors des élections européennes.

Dimanche, ce ratio a été divisé par trois, tombant à 12%, selon les sondages réalisés pour la deuxième chaîne de télévision allemande ZDF.

La même tendance est observée chez les moins de 25 ans, avec une baisse vertigineuse de 24 points, à 10%, en cinq ans.

Très clairement, les Verts ne sont plus le premier parti des jeunes en Allemagne.

Un choc pour une formation qui percevait jusqu'à présent cette classe d'âge comme le cœur de sa clientèle électorale.

Qu'est-ce qui s'est passé? Premier constat, le climat est un thème beaucoup moins porteur qu'auparavant dans la société allemande.

Lorsqu'il s'agit de classer les priorités des électeurs, le sujet arrive désormais derrière l'économie, la géopolitique, l'immigration et la défense.

Une tendance de fond qui a affaibli les Verts.

Dans ce contexte, le parti écologiste s'est peu à peu replié sur sa clientèle traditionnelle et a perdu les électeurs plus «volatils», qu'il avait su attirer il y a cinq ans et qui le considèrent désormais comme trop «idéologue».

L'imposition du remplacement des chaudières au gaz et au fioul dans les bâtiments existants l'an dernier et la suppression de certaines subventions aux agriculteurs ont contribué à cette perception.

Sur la protection de l'environnement, la jeune génération apparaît ensuite divisée, avec une approche un peu «tout ou rien».

«Pour les uns, la question du climat est essentielle, pour d'autres, souvent moins éduqués, elle l'est beaucoup moins.

Il existe à ce sujet une certaine forme de polarisation», explique Uwe Jun, politologue à l'université de Trèves.

Une partie des jeunes écologistes ont ensuite préféré voter pour de petites formations comme le parti pro-européen Volt ou le parti pour la protection des animaux.

À lui seul, Volt a attiré dimanche 9% des suffrages des moins de 30 ans outre-Rhin.

Au total, 28% des Allemands de moins de 25 ans ont voté pour des petits partis, estime l'Institut Infratest Dimap.

Une proportion jamais vue depuis les premières élections européennes de 1979.

Le vote des jeunes a ensuite bougé en direction de l'extrême droite.

Selon les sondages, 17% des Allemands de moins de 30 ans ont apporté leur suffrage au parti «Alternative für Deutschland» (Alternative pour l'Allemagne) contre 7% il y a cinq ans.

Un bond en avant supérieur à celui enregistré par le parti dans toutes les autres classes d'âges.

«L'essor de l'AfD auprès des jeunes électeurs est probablement en partie lié à TikTok.

L'AfD est très active sur ce réseau social, qui est très populaire auprès des 16-20 ans», analyse Uwe Jun, politologue à l'université de Trèves.

«Il semble aussi que le vote des jeunes en faveur de l'AfD a une valeur protestataire vis-à-vis des générations plus âgées.

»Le phénomène n'est pas passé inaperçu.

Dans une Europe ouverte, les jeunes ont «une forte affinité pour le conservatisme, voire avec l'extrême droite», a déclaré lundi la tête de liste du parti libéral, Marie-Agnes Strack-Zimmermann.

«Nous devons en tenir compte».

Ce vote extrémiste a aussi une composante à gauche.

Outre-Rhin, 6% des personnes de moins de 30 ans ont voté pour l'Alliance Sahra Wagenknecht, un parti d'extrême gauche pro-russe et anti-immigrés, très présent en Allemagne de l'Est.

Enfin, il est frappant de constater que c'est avec les moins de 30 ans que les deux grands partis traditionnels allemands, l'Union chrétienne-démocrate et le parti social-démocrate, obtiennent leurs plus mauvais résultats.

Avec respectivement 17% et 8% des votes de cette classe d'âge selon les instituts de sondage.

De quoi inciter à lancer d'urgence une entreprise de reconquête.